samedi 5 avril 2014

La province de Kampôt

Kampôt, une ville accueillante

Je n'avais pas encore pris de ticket pour prendre le bus allant de Phnom Penh à Kampôt. Dy est alors venu me chercher, nous avons fait plusieurs agences avant de trouver un bus qui partait le jour même. Il fallait patienter deux bonnes heures. Nous avons donc été manger un Lôc Lac, spécialité culinaire khmère : du bœuf mariné au citron servi avec un œuf frit, des oignons et du riz. Ensuite, Dy devait venir déposer deux poulets en offrande et faire sa prière avant treize heures. J'ai donc rencontré sa mère, sa sœur et sa nièce. Des gens adorables qui étaient aux petits soins avec moi, et ces sourires, toujours ces jolis sourires… Pour ne pas changer des bonnes habitudes, cinq heures ont été nécessaires pour faire le trajet (initialement trois heures pour faire 136 km). Bon ici c'est monnaie courante, cela permet de travailler sur sa patience. Moi qui en avait grandement besoin en Europe, c'est chose faite.

Arrivée à Kampôt, je découvre une petite ville au style colonial, avec beaucoup de charme. Je me sens tout de suite à l'aise, les Khmers sont très accueillants. J’ai alors enfourché l'arrière d'une moto avec mes gros sacs en cherchant désespérément la guest house de Charlotte et Élise. Malheureusement je ne l'ai jamais trouvée. Je me suis donc installée dans un petit dortoir, pas très loin du centre, où je logeais pour trois dollars.


Le soir, nous avions prévu de nous retrouver dans un bar. J'avais mal mémorisé le nom, du coup je suis restée plus d'une heure dans un autre bar en compagnie d'une charmante allemande enceinte d'un cambodgien. J'ai quand même fini par retrouver Charlotte et Élise en bonne compagnie.

Le lendemain après un rendez-vous manqué au marché de Kampôt, chacun s'est attelé à ses occupations. Arrivée tôt sur les lieux, j'ai pu profiter de ce fourmillement à l'intérieur de ce marché typique.


Un très beau marché, très vivant.




Une soupe et à la sieste. La chaleur était accablante, un peu de mal à rester en plein soleil l'après-midi. Donc j'ai opté pour un bon bouquin dans un hamac. Le soir rebelote dans le même bar, avec une petite variante. En rentrant, j'ai été coursée par des chiens sauvages. Apparemment il ne faut pas courir mais là j'ai pourtant pris mes jambes à mon cou.

Koh Tonsay : une île paradisiaque en façade

Lendemain matin, réveil à six heures, sac sur le dos à attendre le tuk tuk devant mon auberge.  Après être passée à l'hôtel des filles, nous pensions qu'il nous amènerait à la gare routière. Non non, nous avons fait toute la route en tuk tuk. C'était agréable, devant nos yeux, le défilé de la vie cambodgienne. Croiser des scooters surchargés, des poules et des buffles en liberté. Des enfants qui jouent et des hommes qui grimpent aux palmiers.
Une fois sur place nous attendons le bateau qui devait venir nous amener jusqu'à l'île. Nous arrivons de bon matin, la température était agréable, une petite sieste et on s'est jeté à l'eau. Elle était vraiment bonne mais ne rafraîchit pas. Le décor était sublime et nous nous sommes prélassées comme ça du matin jusqu'au soir. Passer la journée dans des hamacs et ne rien faire. Dur dur la vie !


Nous avons loué une petite hutte, très sympa. Après la cohabitation avec les rats, les fourmis voraces et les cafards dans le bus, nous avons eu le droit à la grosse araignée. Attention, pas la petite araignée de salon, la grosse araignée tropicale ! Les seuls qui ne me dérangent pas ce sont les geckos, leur cri m'est sympathique.


Par la suite, nous avons parcouru le périmètre de l'île, en constatant cette double réalité : d'un côté une plage paradisiaque où les femmes balayent les feuilles dès le matin, et de l'autre des plages de déchets, où se mêlent seringues, tessons coupants et détritus en tout genre. Il n'y a rien sur cette île mais son calme et son silence nous on fait le plus grand bien. Les filles étaient un peu fatiguées de leur trois mois de road trip, pas franchement l'idéale de dormir à trois en sardine dans un lit deux places mais bon on l'a fait !


Au delà de ça c'était vraiment très beau. Durant notre balade autour de l'île, nous avons vu plusieurs familles de pêcheurs, des hommes qui travaillaient et encore ces beaux visages. Une petite fille nous a accueillies avec de grand coucou et répétait tout ce que l'on disait, elle était si belle.















Nous avons repris le bateau pour arriver à Kep, je ne savais pas trop que faire, rester dans cette ville qui me paraissait déserte ou revenir à Kampôt. J'ai choisi la deuxième option, les filles allaient quand à elle vers Sihanoukville. Arrivée à Kampot, je me suis baladée et en rentrant j'ai fais la boulette. Je n'avais pas été malade durant tout mon voyage. Lorsque Charlotte et Elise étaient là, j'ai eu quelques problème intestinaux mais rien de comparable avec ce que j'ai eu là. J'ai passé quelques jours au lit, j'ai même pris une chambre seule pour ne pas que tout le dortoir me voit dans cet état léthargique. J'ai ensuite repris la direction de Phnom Penh, on ne peut pas dire que j'ai eu le vent en poupe, mais plus de peur que de mal.

De retour à Phnom Penh

De retour à Phnom Penh, j'ai été manger avec Kanhchana, au menu soupe de nouilles avec petits légumes. 

Par la suite nous avons été faire des photos avec Dy. C'est impressionnant comme il est doué. Ses clichés sont de véritable pépite d'or. Je le surnomme "golden eyes" et il le mérite bien, le pire c'est qu'il n'est même pas conscient de son don.

Photo prise par Dy















J'ai passé l'une des meilleures journée ce jour là. Il m'a amenée dans pleins de petits villages, puis nous avons été dans la montagne à environ une heure de Phnom Penh en deux roues. Forcément le fait qu'il soit cambodgien et qu'il parle le khmer, ça aide beaucoup. Nous avons pris des petits chemins de traverse et nous avons été jouer avec les enfants dans les plaines. Observer cette joyeuse agitation. Les enfants sont si souriant et si désireux de connaître des étrangers. "Where do you come from… France ? Oh ! Comment ça va ?". Une journée qui m'a vraiment remis du baume au cœur. Et cet humour, on n'a fait que de rigoler. C'est une crème ce jeune homme. Nous avons dégusté des graines de lotus puis une sorte d'omelette préparée avec du lait de coco, du poisson et du porc, servie avec des racines de soja.


Une journée qui m'a permis de finir sur une très bonne note. Pour le moment, je crois que le Cambodge est mon coup de cœur. C'est pauvre, c'est très pollué certes mais il y a tellement de richesses. Autant vis-à-vis des cambodgiens qui y vivent que ses joyaux architecturaux, sa diversité naturelle entre plaines, montagnes et bords de mer, et surtout son histoire.

 

Retour vers Bangkok 

Je voulais me faire la remontée du Mekong mais il n'y avait pas assez de touristes pour réserver un bateau. J'ai donc opté pour le bus de nuit, départ à minuit. Ayant été priée de partir pour midi de ma guest house je me suis retrouvée avec mon gros sac sous la chaleur de Phnom Penh. Heureusement que Dy est venu me chercher. Passionnée par la photographie tous les deux, nous nous sommes éclatés à prendre des chemins de traverse sans réel but.


Nous nous sommes retrouvés dans un camp musulman. Avec moi ils ont été adorables mais je ne comprenais pas pourquoi Dy ne prenait aucune photo et ne voulait pas descendre du scooter. En réalité les Musulmans et les Khmers bouddhistes ne s'apprécient pas tellement. Il n'était donc pas le bienvenu. Moi j'étais une touriste donc pas de problème mais lui n'était pas serein du tout, un peu en panique même.














J'ai passé le début de soirée avec Charlotte et Élise, qui étaient entre temps de retour sur Phnom Penh. Une soirée à pleurer comme des madeleines. Des petites bières sur le bord de la riverside où la misère du monde nous est arrivée en pleine face. Une femme enceinte se shootant dans un sac, des enfants qui faisaient la même choses. Les filles leurs ont donné leurs derniers dollars mais du coup elles s'accrochaient à nos bras. Vraiment dur de dire non à ces regards qui vous perforent de l'intérieur…

Une fois dans le bus de nuit, on va dire que la nuit a été longue. Mon cher voisin n'a pas arrêté de me grimper dessus et de caler sa tête dans ma poitrine. Au départ je l'ai gentiment repoussé (car il "dormait") à la fin j'ai été un peu plus violente. Comme d'habitude, le retard combodgien. Mon super tuk tuk driver que j'avais rencontré à mon arrivé à Siem Reap m'attendait (il a donc attendu deux heures). Il m'a chargé et m'a amené chez lui . J'ai donc eu le plaisir de retrouver sa femme et sa petite fille Sammy. Ils m'ont préparé à manger et m'ont mis une petite natte par terre pour que je puisse faire une sieste. Son oncle est venu lui rendre visite, j'ai donc rencontré toute la smala : la tante, la cousine et ses enfants. J'ai passé la journée avec eux et ils m'ont accompagnée à l'aéroport.


Nous avons parlé de la culture khmère, j'ai encore beaucoup appris avec eux. Par exemple, les hommes se laissent pousser les ongles pour avoir une reconnaissance sociale. Si les ongles sont longs, c'est qu'ils ne travaillent pas aux champs donc qu'ils sont d'une classe sociale plus élevée. Il y a aussi les poireaux à poil. Vous savez ce que l'on déteste en France, ici c'est la grande classe. Ils les laissent pousser, cela représente la sagesse.

A l'aéroport j'ai rencontré un Italien d'une cinquantaine d'année installé à Siem Reap depuis quatorze ans. Nous avons parlé politique puisque la France est malheureusement en train de prendre la même tendance que l'Italie, à savoir l'extrême droite. Une conversation très enrichissante. J'ai par la suite fait la connaissance d'un couple d'Allemands, puis d'une fratrie de Finlandais.

Arrivée à Bangkok j'ai pris un taxi avec un Australien direction la rue des backpackers : Kosan Road. Après trois guest houses et la nuit blanche dans les pattes je n'ai pas eu la force de négocier et de tourner pour trouver la moins cher. Deux Thaïlandaises sont venues m'aider, elles sont même montées avec moi pour vérifier la chambre. Ils sont si serviables et simplement accueillants. Une bonne nuit de sommeil avec climatisation s'il vous plaît.

Le lendemain matin je pensais qu'Emmanuel, (mon ancien collègue de Zalando à Berlin) arrivait dans la soirée. En réalité après avoir eu un avion annulé, et des bagages perdus, il est arrivé le matin. Après quelques péripéties et une bonne marche nous avons réussi à nous retrouver. Le décalage horaire était un peu raide pour lui donc il a apprécié une bonne douche et une bonne sieste.

Le soir nous avons fêté ses vingt-neuf ans dignement. Au programme, dégustation de grillons, grenouilles, fourmis, scarabées, mouches, vers, sauterelles et autres insectes improbables. Découverte en vidéo :

 

Une soirée bien arrosée, un peu trop peut être… Nous avons rencontré des Canadiens et une Anglaise avec qui nous avons passé la soirée. Musique électronique type soirée berlinoise, une ambiance très festive avec battle de street dance.

Maintenant nous attendons Anne-Sophie et Éline, deux amies de Bretagne, qui doivent nous retrouver dimanche, direction le sud et les îles. Je supposes que mes chers parents et mes chers grands-parents seront ravis d'apprendre que je ne fais donc plus cavalier seul durant ce mois d'avril.

Tendresse et chocolat,

Tifoune

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