dimanche 16 mars 2014

Cambodge : le pays aux mille et un sourire

Le début d'une nouvelle aventure


Me voilà partie de Chiang Mai pour découvrir le Cambodge. La nuit a été longue, je vous l'accorde. Une bonne dizaine d'heures en bus de nuit sans dormir. Je pense que mon voisin m'a confondu avec un coussin... Ceci étant dit j'ai pu profiter d'un très beau spectacle. Les thaïlandais entrent actuellement dans la burning season, période où ils effectuent des feux contrôlés avant que la saison sèche arrive. C'était vraiment impressionnant à regarder, le feu coulait comme de la lave. On aurait presque dit un serpent de feu rampant jusqu'au point culminant de la montagne. 

Arrivée à Bangkok c'est la cohue. À peine sortie du bus, je me fais alpaguer par tous les chauffeurs de taxi. J'avais préalablement regardé la distance entre la gare routière et l'aéroport, je savais donc que ce n'était pas très loin (contrairement à ce que vous laisse croire les chauffeurs). Il faut alors sortir un peu de la gare routière pour éviter d'avoir des prix exorbitant.

Après une heure trente d'avion me voilà arrivée à Siem Reap. Mon Visa m'a été délivré très rapidement et tout de suite j'ai été rassurée par des visages souriants. Pour un Visa tourisme, il faut compter vingt dollars et prévoir une photo d'identité (comme pour le Laos). Une fois mes bagages récupérés, j'ai fais la connaissance d'Andres, un mexicain avec qui j'ai partagé un tuk tuk pour atteindre le centre ville. Il a été d'une gentillesse exemplaire et m'a trouvé un dortoir dans les moins cher ici (il faut quand même compter sept dollars pour un dortoir avec dix personnes). J'étais tellement fatiguée que j'ai dormi tout l'après-midi.

Par la suite, j'ai rencontré Kit, un américain qui voyageait tout seul et qui arrivait à la fin de son voyage. Après quelques verres sur le toit de notre guest house, nous avons fini par nous laisser tenter par un bar dont il avait entendu parler. Il fallait monter quelques étages pour arriver jusqu'à celui-ci. En arrivant, une belle surprise : du sable partout, des hamacs, de la bonne musique et une superbe vue sur Siem Reap illuminé. Bon, après nous nous sommes un peu égarés et sans le savoir, nous avons fini par nous retrouver dans un bar pour prostituées.

Le lendemain je n'étais pas vraiment "d'attaque", et avec cette chaleur croyez-moi, vous regrettez vite d'être sorti la veille au soir. J'en ai donc profité pour me promener tranquillement dans la ville, circulant dans les rues et les marchés sans vraiment avoir de but.



C'est alors que j'ai été appréhendée par une petit garçon d'une dizaine d'année tout au plus. Il avait un bébé dans les bras et tenait la main de sa petite sœur d'environ trois ans. Il m'a alors expliqué qu'ils n'avaient plus de lait, que son père était mort, et que sa mère vivait dans un village très excentré de Siem Reap. Ça m'a vraiment fait mal au cœur de les voir comme ça. Lui n'avait presque plus de dents (ou bien complètement rongées et noires) mais un sourire qui m'a profondément touchée. Nous sommes alors allés ensemble acheter du lait en poudre et là attention, ils ne s'embêtent pas ici : dix huit dollars pour une boîte. Par la suite j'ai appris qu'ils avaient un accord avec le petit magasin et qu'ils récupéraient l'argent auprès de celui-ci. Une arnaque courante en Asie, on ne m'y reprendra pas deux fois. Les enfants dépensent alors tous les sous sans penser au lendemain. Ils se nourrissent mal (essentiellement de sucreries) et font donc de grosse carences (d'où les dents rongées). Le Cambodge est vraiment très pauvre, j'ai vu beaucoup d'enfants se "shooter" à l'essence dans un sac plastique pour oublier la faim. Dure réalité, tout le monde travaille très dur (enfants comme personnes âgés) pour une poignée de pain...



Angkor ou la huitième merveille du monde 


Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, Angkor est la plus grande ville jamais édifiée au XIII ème siècle. Il faut compter sept bon kilomètres depuis Siem Reap, pour parvenir à l'entrée de cette ancienne capitale Khmère. Ensuite, une bonne cinquantaine de kilomètres sont nécessaire pour passer de sanctuaires en palais (voir plus si vous souhaitez visiter d'autres sites). Visiter Angkor en vélocipède est possible mais je voulais quand même avoir un aperçu avant de me lancer. Je suis donc partie en tuk tuk avec Kit. Levée cinq heure du matin pour admirer le lever du soleil. Il faut prévoir vingt dollars pour une journée dans le complexe d'Angkor et quarante pour trois jours. N'étant pas pressée par le temps et passionnée d'histoire j'ai opté pour la deuxième proposition. Au final avec cette chaleur, j'ai préféré rester avec Mao notre chauffeur et guide privé (non officiel). Kit partait le lendemain donc j'ai passé les deux jours suivant toute seule avec lui. Certes, il faut compter vingt dollars par journée si vous souhaitez avoir un tuk tuk privé mais ça vaut le détour, je me serrerai la ceinture plus tard.

Angkor et son histoire


Située dans les forêts au nord du Tonlé Sap, Angkor a été "redécouvert" dans les années 1860 par un explorateur et naturalise français, Henri Mouhot. L'histoire de la civilisation Khmère est passionnante mais surement trop fastidieuse à raconter sur un blog. Je vais donc essayer de faire au plus court. Pour ceux que ça n'intéresse pas il suffit de descendre le curseur et de regarder les photos.

Le royaume d'Angkor (800-1431 après J-C) représente l'un des plus grands jalons de notre civilisation. Pour preuve, il a laissé à la postérité ses témoins de pierres. Les temples d'Angkor comptent parmi les plus beaux édifices sacrés au monde. Le déclin de la civilisation Khmère est insidieux et beaucoup de mystère réside encore à ce jour autour de cette prouesse architecturale. Un savant mélange entre l'hindouisme, le bouddhisme et les rois-divins qui ont pris différentes forme tout au long de leur règne.

Les rois Khmers entamèrent la construction de leurs célèbres temples dans le delta du Mékong au IX ème siècle après Jésus Christ. Ce peuple détenait un grand savoir qu'ils ont su utiliser à bon escient en s'adaptant à leur environnement. La riziculture requiert deux périodes d'arrosage, or dans la pleine tropicale du Mékong, une seule saison des pluies intervient. Les Khmers ont alors utilisé des techniques très évoluées de construction hydraulique. Un système complexe d'irrigation avec des canaux ainsi que des réservoirs destinés à empêcher les crues indésirables. Ils ont donc su tirer partie de leur position géographique, non seulement de part leur adaptabilité environnementale, mais aussi par le transport et les échanges commerciaux avec le Nord de l'Asie et l'Inde. Angkor représente l'âge d'or de la civilisation Khmère qui a débuté en l'an 800 par l'intronisation du roi Jayavarman II pour s'achever en 1431 avec l'invasion des troupes Siamoises.

Le temple d'Angkor Wat


Nous avons débuté notre matinée au temple d'Anghor Wat. Arrivés sur place, lampe frontale et anti-moustique sont de remise. Nous sommes allés nous asseoir pour partager un petit déjeuner improvisé en attendant que le roi soleil daigne se lever. Un moment magique où le temps semble s'arrêter durant un cours instant. Lors de mon premier jour de visite, nous avons juste marché autour du temple, ce n'est que le deuxième jour que je suis entrée à l'intérieur.
















Angkor Wat vient du terme Sanskrit Nagara, qui signifie ville royale. Il fut construit par Suryavarman II au début du XII ème siècle et était consacré au dieu Vishnou.


















En tant que construction sacrée d'une élite brahmanique, Angkor Wat reste le fidèle reflet du cosmos. La mythologie hindouiste y joue donc un rôle décisif. Il incarne la vision du monde, propre à cette religion . Un monde carré, entouré de massifs montagneux. Au loin se trouvent les infinis océans mythiques et, au milieu, le Mont Néru où vivent les dieux. Le temple avec ses cinq tours, symbolise le siège mythique des divinités. Les murs ornés de bas-reliefs servaient de chemin de procession et rappelaient la littérature épique hindouiste ainsi que les hauts faits guerriers de Suryavarman II. Il y a tellement d"histoire et de légende qu'il m'est tout simplement impossible de vous en faire part. 



















J'ai été complètement éblouie par le souci du détail des bas-reliefs, au même titre que par leur abondance et leur diversité. Une prouesse autant architecturale qu'artistique, faisant preuve d'une minutie sans pareil. Les devetas aussi appelées asparas sont omniprésentes. Ces danseuses plantureuses aux seins nues sont des nymphes célestes. D'après la Sanatana Dharma (l'hindousime), elles naissent des flots lors du barattage de la mer de lait (mythe cosmologique de l'hindouisme) et symbolise le plaisir des sens et de l'esprit. Elles sont les compagnes des Deva (entité bienfaisantes) mais aussi des Asura (démons).


Devetas ou Asparas avec différentes coiffures pour plaire au roi.
Une des bibliothèques d'Angkor Wat.
 Le cœur d'Angkor Wat.
La jungle tropicale entourant le temple-palais.
Entourée de nymphes célestes.
La piscine du roi. L'eau de la pluie était récupérée depuis les quatre tours puis, par un système de canalisation elle était reversée dans l'une des piscine du roi. L'eau était alors considérée comme sacrée.

La précision des décorations.
Allée centrale.
Hanoumâns.
Vision du troisième monde, équivalent à notre enfer catholique.

Représentation des hauts faits guerriers.
Petite cambodgienne.
Angkor Wat de jour.

La seule Deveta a avoir un sourire avec les dents.
Offrande à Vishnou, deuxième dieu de la trimourti.











Ta Prohm


Ta Prohm est le deuxième temple que nous avons visité avec Kit. C'est le temple que j'ai préféré car il est complètement habité par la jungle, sa beauté est autant fascinante qu’envoûtante. Il a été édifié au XII ème siècle dans le même style architectural que le temple de Bayon (que vous verrez par la suite), son nom signifie "grand père Brahma".











Si l'on en croit cette gravure, les Khmers connaissaient l’existence des dinosaures.
















Banteay Kdei


Édifié par Javayarman VII vers 1185, son nom signifie "la citadelle des cellules monastiques".






Bayon Temple


Le Bayon est le cœur de l'ancienne ville d'Anghor Thom. Ces ruines sont d'une beauté spectaculaire. C'est le dernier des « temples-montagnes » bâti par Jayavarman VII. C'est un temple très prisé et très touristique serte, mais on comprend vite pourquoi.



Ce temple a été converti à la religion bouddhiste vers 1350 après J.C.



On peut y trouver de nombreux bas-reliefs, encore très bien conservés. Mao, m'a raconté les histoires des guerres avec les peuples de Chine ou les peuples Chams (symbolisé avec un tichel sur la tête puisqu'ils étaient musulmans).

Ici la représentation d'un soldat chinois.











Ici celle d'un soldat Khmer, avec de longue oreilles, symbole de sagesse










Les combats de coqs.





















Les autres ruines


J'ai visité plus d'une vingtaine de temples, palais et ruines en tout genre. Au départ, j'avais prévu de vous faire un topo sur chacun d'entre eux, et j'avais fini mon article. C'était sans compter sur le gros bug informatique que j'ai eu, mon ordinateur a planté j'ai tout perdu. Je dois donc vous avouer que tout réécrire est pour moi impossible. Je vous fais donc une petite visite rapide en image.

































En moyenne mes visites duraient entre sept et neuf heures par jour. Autant vous dire que j'étais complètement claquée le soir. Levée 4h30 et rentrer vers 18h30 (lever et coucher du soleil). En marchant sous ce soleil de plomb, j'ai bien dû perdre 2L d'eau par jour.



Mille et un sourire

Sur la route, toujours et encore ces beaux sourires propre à l'Asie. Je ne sais pas si un jour il en sera de même dans le métro parisien ?







Comme je le disant plus haut, ici les enfants travaillent. Le problème c'est que les parents les envoient "au charbon" parce qu'en période touristique, ça gagne bien. Dès que nous mettions un pied dans un temple, une horde d'enfant venait nous vendre des cartes postales, des flûtes, des magnets etc... J'avoue qu'à la fin j'étais un peu blasée, mais bon c'est le jeu...


Une soirée chez notre tuk tuk driver

Les Cambodgiens sont très accueillants, alors oui c'est vrai chacun reste à sa place ; un "falang" reste un "falang" et il est assez difficile de vraiment se mélanger. Ceci dit, notre tuk tuk driver nous a montré le contraire. Il nous a invité chez lui dans sa "chambre" (comme il dit), avec sa femme Rachana, sa fille Samy et un de leur voisin. Nous avons dégusté un plat typiquement cambodgien. Il faut faire bouillir du lait de coco avec des oignons et de la viande pilée. Ensuite, ça ressemble un peu à une fondue : mettre la viande de bœuf et le foie de veau (préalablement mélangé avec des œufs) à bouillir dans le lait avec des légumes. Un très bon souvenir en tout cas. Merci Mao.



Direction Phnom Penh

Après avoir visité ces ruines émouvantes et avoir eu des étoiles pleins les yeux, direction Phom Penh, la capitale du Cambodge. Après une petite semaine à Siem Reap et trois jours de visites intenses dans les temples, je suis très fatiguée. J'ai tout de même acheté mon billet de bus, départ le jour de mon anniversaire à onze heures trente. La veille du départ j'ai rencontré un allemand, un argentin et un coréen. Des discutions très intéressantes sur les voyages. Forcément nous avons aussi parlé d'Angkor et nous avons tous dit la même chose : on aurait tous aimé être une petite souris durant l'apogée de l'époque Angkorienne. Avant que les français et les Vietnamiens ne viennent tout piller, tout était recouvert d'or et de diamant, ça devait être magnifique. J'en veux Angkor ! Sur cette vision féerique j'arrive ENFIN à la fin de cet article. 

Tendresse et chocolat,

Tifoune



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