mercredi 5 mars 2014

À bientôt la Rose du Nord

La fin d'une belle aventure humaine

"Un droit que bien peu d'intellectuels se soucient de revendiquer, c'est le droit à l'errance, au vagabondage. Et pourtant, le vagabondage, c'est l'affranchissement, et la vie le long des routes, c'est la liberté. Rompre un jour bravement toutes les entraves dont la vie moderne et la faiblesse de notre cœur, sous prétexte de liberté, ont changé notre geste, s'armer du bâton et de la besace symboliques, et s'en aller. Pour qui connait la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté (car on n'est libre que tant qu'on est seul), l'acte de s'en aller est le plus courageux et le plus beau. Égoïste bonheur, peut-être. Mais c'est le bonheur pour qui sait le goûter. Etre seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, et marcher solitaire et grand à la conquête du monde." 
Isabelle Eberhardt

Voyager seule... Vraiment seule ? Non, en réalité jusqu'à présent je n'ai jamais été vraiment "seule". Voyager c'est comme s'envoler vers une autre ruche en mouvement. Une ruche de voyageurs qui sont là pour apprendre et découvrir une autre vision du monde. Des abeilles qui aiment découvrir de nouvelles fleurs, de nouvelles saveurs, de nouvelles couleurs. Avoir envie de goûter à la liberté d'exister et d'être soi même. La liberté de quelques mois, quelques jours, quelques heures ; le temps que les limites, crées par notre société occidentale, nous arrivent telle la fumée provenant de l'enfumoir d'un apiculteur.  

Je suis navrée, cet article est à l'humeur du jour, j'aurais dû l'intituler "Ode à la mélancolie". Oui j'ai le cafard, le bourdon, le coup de blues, appelez-le comme vous voulez. La première vague s'en retourne à la mer. Dit comme ça, vous me direz c'est simple. Malheureusement, pour les sentimentales comme moi, la réalité est toute autre. Qui dit deux mois de voyage, dit deux mois de rencontres. Et là, ce défilé de visages, de sourires, de doux moments, d'émotions et de partage. On essaie au maximum de vivre dans le présent, alors, quand on dit au revoir aux compagnons de route, on essaie de ne pas réaliser qu'ils ne seront plus là demain. Dans ma famille nous n'aimons pas les départs. Encore moins quand ils s'éternisent. Ma méthode pour ne pas pleurer c'est un câlin rapide et "à demain". 

Profiter des derniers moments


Hay Tung Tao Lake


Lors de cette dernière semaine, nous avons essayé de profiter un maximum. Avec la rencontre de Grant -un anglais qui habite Chiang Mai- j'ai découvert un petit coin de paradis. Un lac au beau milieu des montagnes, bordé par des petites huttes en bambou. Le lendemain, nous y sommes retournés par hasard. À la base nous devions aller au Canyon, mais au bout de deux heures en songtao à se faire balader (car ils ne savaient pas où il se trouvait), nous avons abandonné cette idée. Ceci dit, nous n'avons pas été déçu car nous avons pu nager en toute sérénité dans un superbe décor montagneux. La météo était avec nous et le ciel était d'une telle nitescence que j'en garderais un souvenir indélébile. L'eau était bonne et claire, autant vous dire que nous avons bien fait nos loutres. Nous étions dans une petite hutte entouré de Thaï. Je me souviendrais de cette fameuse crise de rire au milieu du lac, qui a bien faillis nous faire couler à pic. De la mélodie de la petite moto à glace, et aussi cette sensation étrange de se faire "manger" les pieds par des petits poissons.

Le petit prince du jour. En le voyant ça donne envie de faire des bébés voyageurs. Durant tout le trajet il n'a pas pleuré une seule fois C'est un petit père tranquille et toujours souriant. Au retour le couple de Thaï, qui nous avaient amené en songtao s'est tellement pris d'affection pour lui qu'il ne voulait plus le lâcher.


Michelle, Erika et le petit Prince.


















Tuang Tong Canyon


On m'avait parlé d'un Canyon non loin de Chiang Mai et vu que nous n'avions pas réussi à y aller en songtao ,Grant m'a gentillement proposé d'y aller en deux roues. Finalement, sur un élan lancé par Pya, tout le monde en voiture. La voisine de notre Guest House s'est alors joint à nous ainsi que Michel, qui passait par là par hasard. Nous avons un peu tardé avant de trouver car personne ne savait vraiment où c'était et il n'y avait aucune indication sur la route concernant un Canyon.

Quelques frayeurs quand même quand le casque de Grant s'est envolé sur la route mais aussi une bonne scène comique pour Claire. J'ai actuellement des tongs dite Birkenstock, de très mauvaise qualité puisque ce sont des fausses que j'ai acheté ici. Résultat la semelle est complètement décollée ce qui, d'une voiture, peut être très amusant à visualiser (en faisant un focus sur le repose pied). Une sorte de babine de chien qui sort sa tête par la fenêtre.






Arrivé au Tuan Tong Canyon c'est tout simplement beau. De là, Pya nous met directement dans le bain. Etant une froussarde, je ne voulais pas y aller en première. Il fallait que je visualise la profondeur car ça faisait haut quand même. Grant et Pya ont donc tiré au sort pour déterminer qui y allait en premier. Ils ont donc sauté avec élégance.






En ce qui me concerne c'est une tout autre histoire. J'ai regardé en bas, je n'aurais pas du . Viens alors le "je recule", "je souffle", "finalement je ne veux plus sauter" puis "je reviens à la charge" Le pauvre Grant qui m'attendait dans l'eau et moi qui posais des questions inutiles : "Wait me please!", "It's ok? Are you sure? "that isn't dangerous?". Bref un bon gros boulet comme on les aime.



Finalement je me décide et là, comment vous dire... Je me suis laissée tomber comme un poids mort. C'est déjà une amélioration en soi, grâce au canyoning sur l'île de la Réunion, j'ai pris sur moi et cette fois je n'ai pas crié.



Je ne voulais pas me faire mal du coup j'avais gardé mon espèce de combinaison ample de yoga (le "pyjama grosse fesses" comme dirait Claire). En sortant de l'eau c'était très moulant, du coup je ressemblais plutôt à un gros chat mouillé !

Et là on me sort :
_ "on va au temple ?"
_"... Euh, on ne peut pas attendre un peu que je sèche un peu au soleil ?"

Apparemment non, puisqu'ils voulaient que l'on aille voir le coucher de soleil au temple de Watpalad. Nuy m'a alors dit qu'elle avait une tenue sèche pour moi. Et là, elle m'a sortie cette improbable tenue : un T-shirt noir floqué tuning et un short rose bonbon avec des petits cœur. Autant vous dire qu'avec les tongs pourris et le casque vintage j'avais un look d'enfer ; à en faire rougir tous les ladys boy de la ville. Le legging de Claire m'est alors apparu comme le sacre saint.

Arrivés au temple, nous nous sommes délectés de cette douceur ambiante. Nous avons redécouvert le temple de jour avec Claire et nous avons été nous poser dans la forêt. Où les arbres étaient entourés d'une écharpe orange laissés par les moines bouddhiste.




























Une belle journée ensemble qui nous a permis de voir toute la beauté de ce temple. Ses statuts, et sa superbe vue sur Chiang Mai.
























Une soirée inattendue



Avec Claire, nous sommes parties direction l'Eco Resort (cette hôtel où ils ne connaissent pas la politesse) pour profiter des derniers moments avec Cindy autour de sa piscine. Jusqu'à présent, je ne me suis pas trop exposée au soleil et j'avais bien fais attention de mettre de la crème 50+ avec ma peau blanche (après un début d'hiver à Berlin). Le problème c'est que l'été commence, les chaleurs augmentent, le soleil tape plus fort. Résultat : vanille fraise, toute rouge la tomate !

Bref, passons, Cindy était invitée par son enseignant à aller voir une guérisseuse dans la soirée. Elle m'a alors proposé de me joindre à elle. Nous voilà donc allongées à l'arrière d'un pik-up, le sourire béa. Arrivées là bas, une grande maison en bois surélevée, entourée de différentes articulations autour d'elle. Assez similaire à un temple, des statuts partout (une gros mélange entre l'hindouisme et le bouddhisme).

Photo prise avec le portable de Cindy

Shiva, Ganesh, dieux et déesses en tous genres ainsi que leur "Jeanne d'Arc à eux", et bien sur l’immanquable Bouddha. Lors des chants précédant la méditation, nous étions assises devant une bonne quarantaine de Bouddha de toutes tailles (surtout des gros). Nous avons rigolé puisque la mise en scène faisait vraiment "gourou". La guérisseuse avait un siège curule à la romaine avec une peau de léopard dessus. Je ne sais pas si il avait la même signification qu'à l'époque antique mais en tout cas, cette guérisseuse était réputée et respectée. Des asiatiques venant de partout pour la rencontrer. Elle répond à des questions, donne des conseils, et pratique le chamanisme. Il fallait prendre une petite plaquette avec un numéro pour aller la voir chacun son tour. Nous avons voulu y aller mais c'était un peu délicat et surtout elle ne parlait pas un mot d'anglais.

Nous avons donc observé les rituels. La guérisseuse était entourée d'assistants qui l'aidaient si besoin. Une fois qu'elle avait parlé avec la personne en question, si il s'agissait d'un mal "physique", ils étaient là pour prendre le relais. Et alors là attention : ils prennent l'eau présente lors des prières, trempent un couteau dedans puis arrose la personne. Ensuite ils raclent la peau avec la lame en direction du sol, pour "chasser le mal". Viens ensuite le massage thaï, qui n'était visiblement (au vue de la tête des patients) pas une partie de plaisir.

Différentes personnes sont passées devant nos yeux, nous avons donc pu observer plusieurs rituels. Soit le rituel de fumée : la guérisseuse crachait sa fumée dans les yeux de ses patients ; soit le rituel de l'eau : elle crachait l'eau au visage des gens. Les hommes et les femmes présent, arrivaient avec énormément de bougies et des bouquets d'encens. La guérisseuse soufflait alors dessus en récitant des prières en Pali.

Nous allions repartir et l'une des assistante de la guérisseuse nous a dit d'approcher. La guérisseuse nous a alors demandé, un par un de chanter un Mentra. Elle a marmonné quelques mots en fermant les yeux et en positionnant ses mains sur nos têtes. Pour finir elle nous a enfilé une médaille de Bouddha autour du cou.

Cette guérisseuse était même respectée par les moines bouddhiste. Il y en avait d'ailleurs un de présent lors de la cérémonie. Une bonne leçon de vie où la cohabitation des croyances se fait naturellement sans compétition ni violence. Une soirée enrichissante qui clôturait le voyage de Cindy.

Prochaine étape : direction le Cambodge


Oui je devais descendre le 28 février sur Bangkok mais finalement les coïncidences en ont fait autrement. Je n'arrivais pas à prendre mes billets pour Bali, le Visa pour l'Inde n'était pas simple (trop d’attente) donc finalement j'ai opté pour le Cambodge à la dernière minute. J'ai enfin réussi à avoir mes billets, ce qui a été un vrai casse tête puisque ma banque m'envoyait un code sur mon ancien numéro de portable français. Merci à mes parents pour leur aide sur skype et le temps qu'ils m'ont consacrés.

J'ai profité de ces quelques jours pour retourner au lac.






Hier soir j'ai fais une bonne affaire, Grant m'a amené à la gare routière un peu excentrée de Chiang Mai et là j'ai seulement payé 500 bath pour faire Chiang Mai Bangkok dans un bus de nuit. Non seulement j'économise une nuit dans une Guest House mais je gagne minimum 1000 bath par rapport à l'avion. Et surtout, se rendre directement à la gare routière ça évite de se faire taxer par les agences.

Voilà, c'est la fin de cet article et je pars ce soir. Je m'apprête donc à bouger vraiment "toute seule". Et c'est très bien. Comme dirait les Shadocks : "Quand on ne sait pas où l'on va, il faut y aller. Et le plus vite possible". Oh ma Claire tu vas me manquer, je n'ai même pas pu te faire un bisous donc c'est sur il faut que l'on se recroise. Profite bien au Laos avec ton Gibbon.

Une petite photo de la fin : la sieste d'Emeline. Eclatez vous bien au Népal les filles. Je pense bien à vous. J'ai des souvenirs plein la tête mais aujourd'hui j'ai surtout les larmes au bord des yeux. Allez ça ira mieux demain...



Tendresse et chocolat,

Tifoune

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